FANG

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Les Fang, qui étaient 125 000 en 1958, forment plus du tiers de la population du Gabon, dont ils occupent le Nord et l’Ouest (ils étaient 425 000 en 1992, au Gabon). Leur groupe se prolonge au-delà des frontières, en Guinée équatoriale orientale et au Cameroun du Sud. Avec les Beti et les Boulou du Cameroun, ils constituent le groupe dit «Pahouin», de langue bantoue.

Histoire

L’arrivée des Fang au Gabon est récente, et a donné lieu à diverses hypothèses: ils seraient venus de la Haute-Égypte et seraient apparentés aux Zande et aux Mangbetu du haut Oubangui. Une certitude paraît acquise: leur départ, vers la fin du XVIIIe siècle, de la savane située sur la rive droite de la Sanaga, probablement sous la poussée des Peul, et, après qu’ils eurent franchi ce fleuve, leur progression constante vers le sud-ouest, à travers la forêt. Leur adaptation à ce nouveau milieu fut pour eux un fait important, attesté par le mythe d’un long tunnel qu’ils auraient creusé à travers le tronc d’un arbre gigantesque. Médiocres piroguiers, ils n’empruntaient pas les voies d’eau. La direction constante de leur migration a été expliquée par des raisons religieuses; le couchant est en effet le pays des morts, des ancêtres qu’ils souhaitaient rejoindre. Des motifs plus terrestres s’y ajoutèrent: l’attraction des centres commerciaux de la côte atlantique. En effet, le prestige se mesure, en pays fang, au nombre des épouses, pour lesquelles une dot importante est exigée du mari; d’où leur désir d’obtenir des marchandises de traite européennes, en échangeant contre elles ivoire, latex, ébène...

La migration a pris fin dans la région du bas Ogooué, au Gabon, à la fin du XIXe siècle, arrêtée à la fois par la mer et par l’administration coloniale française. Les Fang ont réussi à effacer toute trace des populations bantoues qui occupaient le pays avant eux: les prisonniers de guerre ont été, en effet, massacrés ou assimilés par adoption (il n’y a chez eux ni esclaves, ni populations soumises, sauf les chasseurs pygmées, les Binga). Cependant, leur progression ne fut pas une marche rapide et triomphante, mais plutôt un lent essaimage de solides villages de guerriers.

Économie et organisation sociale

La subsistance est fondée sur l’agriculture (manioc, bananes, ignames, maïs, huile de palme et arachides), chaque famille produisant ce qui lui est nécessaire en pratiquant elle-même les différentes cultures. La chasse et la cueillette fournissaient encore récemment une part appréciable de la nourriture. Actuellement, la culture du cacao destiné à la commercialisation est une source de revenus importants.

Les groupements «pahouins» ne se définissent pas par une autorité tribale ou intertribale; au contraire, une intense rivalité règne entre eux. Le pouvoir réel est exercé par le chef de la famille étendue, laquelle est coextensive à un village. Ce chef n’est pas l’homme le plus âgé, mais le plus apte: les vieux perdent leur autorité quand diminuent leurs capacités. Les patrilignages qui se reconnaissent un ancêtre commun forment un clan exogame, éparpillé en villages éloignés et séparés les uns des autres par des terroirs d’autres clans. Lors de la progression militaire, ces villages étaient fortifiés; deux rangées de cases contiguës s’ouvraient sur une longue cour intérieure, flanquée, aux extrémités, d’un corps de garde habité par les jeunes hommes célibataires. Le ngil , association rituelle, était un élément de cohésion tribale, interclanique, qui protégeait la société fang contre sorciers et malfaiteurs en démasquant et en punissant ceux-ci sans tenir compte de leur origine ancestrale; le ngil évitait la vengeance collective des groupes de parenté.

Sculpture

Lors des cérémonies, les membres du ngil portent des masques blancs sévères, au front large et bombé surmontant un visage triangulaire dont la bouche, petite, occupe toute la largeur; l’arête du nez se divise en deux arcades sourcilières arrondies, sous lesquelles se logent les étroites fentes des yeux.

Chaque lignage conserve les crânes de ses ancêtres dans un reliquaire cylindrique en écorce, surmonté d’une statuette en bois sombre, ou plus simplement d’une tête sculptée. Les visages, inscrits dans un triangle, ont souvent beaucoup plus de douceur et de sérénité que les masques.

Fang ou, vieilli, Pahouin
population du N. et du N.-O. du Gabon, de la Guinée équatoriale et du Cameroun méridional (env. 3,5 millions de personnes). L'implantation des Fang remonte à la seconde moitié du XVIIIe s. Les divers groupes se sont interpénétrés au cours de migrations multiples et ont finalement abouti sur les rives de l'Ogooué et sur la côte atlantique.
L'art sculptural fang, à travers les masques et la statutaire, dont le thème unique est l'ancêtre en méditation, est très élaboré. Les sculptures fang se caractérisent généralement par la droiture de leur buste, la position semi-assise du personnage, la rondeur du corps, la puissance et l'équilibre des formes.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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